De toutes les Liliacées actuellement connues, il n’en est point dont la bulbe atteigne des dimensions aussi considérables que celle de la magnifique Amaryllis dont nous donnons ici la figure; et cependant elle ne paraitra point disproportionnée, si on a égard à l’énorme bouquet de fleurs qu’elle produit. Elle est ovale, haute de trois décimètres environ, sur près de deux de diamètre. De sa base partent des fibres radicales blanches, charnues, cylindriques, presque aussi grosses que le petit doigt, et longues d’un mètre environ.
Du sommet de cette bulbe sort un faisceau de feuilles lancéolées, obtuses, glauques, glabres, entières, un peu courbées en faux, longues de huit déci-mètres, larges de dix à quinze centimètres. Ces feuilles se déssèchent à la fin du printemps, et font place à une hampe droite, haute de quatre décimètres, fortement comprimée, à deux tranchants, nue, d’un vert glauque, large de six ou sept centimètres.
Les fleurs, au nombre de soisante environ, forment une ombelle hémisphé-rique, qui, dans son entier développement, a jusqu’à un mètre de diamètre. La spathe d’où elles sortent est formée de deux valves opposées, lancéolées, rou-geâtres, longues de quinze centimètres, desséchées avant l’entier épanouissement des fleurs. Les pédicelles sont longs de trois à quatre décimètres, d’un violet rougeâtre, plus ou moins anguleux, assez gros, surtout dans le bas, nullement renflés au sommet. Les extérieurs s’étendent horizontalement. Les intérieurs sont dressés dans la plus grande partie de leur longueur, mais ils se courbent auprès de leur extrémité, qui est horizontale. Tous naissent d’une sorte de tête sphérique formée par le renflement de la partie supérieure de la hampe.
Le périgone est en forme d’entonnoir, un peu courbé. Il se rétrécit à sa base en un tube court, horizontal, peu distinet de l’ovaire, d’un violet rougeâtre. Au dessus il est divisé en six segments linéaires-lancéolés, longs de huit ou neuf centimètres, jaunes dans le bas avec la partie dorsale de la même couleur que le tube, tachetés de rouge dans leur partie moyenne, et d’une couleur ponceau assez uniforme vers leur extrémité. Ses segments, d’abord simplement ouverts dans le haut, se renversent et se roulent peu à peu en dehors, en commençant par le supérieur, qui est toujours plus fortement roulé que les autres. Tous sont un peu aigus et calleux au sommet. Les trois extérieurs portent en dedans une petite pointe, ou crochet pubescent.
Les filaments des étamines sont en forme d’alêne, arqués, rassemblés vers le côté inférieur de la fleur, plus courts que les segments du périgone, jaunes dans le bas, d’un rouge ponceau dans le haut. Les anthères sont linéaires, vacil-lantes, longues de deux centimètres, d’un violet pourpre avant la floraison; noirâtres après l’émission du pollen, qui est jaune.
L’ovaire est ovale-triangulaire, de la même couleur que les pédicelles et que le tube du périgone. Le style est filiforme, plus long et moins arqué que les flaments des étamines, et de la même couleur qu’eux. Le stigmate est simple et un peu en forme de godet.
Le fruit est une capsole membraneuse, ovale-triangulaire, à angles aigus, plane sur ses faces, brune, à trois valves, A trois loges, renfermant chacune un grand nombre de graines noires arrondies.
L’Amaryllis de Joséphine croit dans la partie méridionale de l’Afrique. Un navigateur hollandais en a rapporté une bulbe qui a été vingt ans sans fleurir dane un jardin de Hollande, et qui a commence a donner des fleur il y a hait ou dix ans. Cette bulbe a été ensuite acquise par Sa Majesté l’Impératrice José-phine, et transportée dans le jardin de la Malmaison, où elle a déjà fleuri deux fois vers le milieu de l’été.
Cette belle plante, quoique personne à notre connaissance n’ait encore publié sa description, a été indiquée dans quelques catalogues sous le nom d’Amaryllis gigantea; mais, comme le Crinum giganteum, aujourd’hui classé parmi les Amaryllis par plusieurs auteurs, a reçu le même nom, nous avons cru devoir, pour éviter toute confusion, imposer un nom nouveau à notre nouvelle plante. Nous l’avons dédiée à Sa Majesté l’Impératrice Joséphine, dans le riche jardin de laquelle nous l’avons décrite et figurée. Nous avons desiré, par ce modeste hommage, signaler, autant qu’il est en nous, les services que la botanique française doit à cette illustre protectrice, Non-seulement elle permet aux botanistes d’étudier les nombreux et rares végétaux qui sont réunis dans ses jardins, mais elle en enrichit elle-même les autres établissements avec une libéralité remar-quable, et une grâce qui relève le prix de ses dons. Elle connait les moindres de ses plantes, aime à suivre leur histoire, et mériterait autant d’etre comparée aux dames qui ont le plus illustré la botanique par leurs connaissances qu’aux princes qui l’ont honorée par leur protection.
Fam. des Narcisses. Juss.—Hexandrie monogynie. Lin.
The original French description of this flower is transcribed here from original scans rather than using an automated translation service to preserve the author’s original voice in the time it was written. Automated translation is available but can be prone to mistakes.