Cette plante a été pendant long-temps confondue avec le Bulbocode printan-nier, auquel elle ressemble en effet d’une manière frappante pour le port, les dimensions et la couleur de ses fleurs; c’est au C. Ramond que nous devons la connaissance exacte des différences que présentent ces deux végétanx. La Meren-dère diffère du Balbocode, parce qu’au lieu d’avoir un seul ovaire et un seul style surmonté de trois stigmates, elle offre trois ovaires réunis par la base, surmontés chacun d’un style simple. Elle diffère des Colchiques, avee lesquels son port et le nombre de ses ovaires a quelque analogie, parce que ses anthères, au lieu d’être courtes, ovales et vacillantes, sont longues, étroites, pointues, droites et adhérentes au filet par leur base; elle diffère enfin des Safrans, dont ce dernier caractère semble la rapprocher, par le nombre de ses ovaires, D’après ces observations, on peut dire, avec le C. Ramond, que la Merendère a la corolle du Bullocode, le pistil et le fruit du Colchique, et l’anthère du Safran. Ce dernier earactère est étranger à la famille des Jones, dont ce nouveau genre doit cependant faire partie, jusqu’à ce que de nouvelles observations permettent de diviser en plusieurs grouppes cette famille nombreuse et hétérogene.
La racine de la Merendère est bulbeuse et analogue à celle du Colchique et du Bulbocode. Le naturaliste observateur anquel nous devons la connaissance de cette plante, nous fournit des détails curieux sur cette racine:
Un gros bulbe, qui attire les sues de la terre par de nombreuses racines, nourrit un tres-petit bulbe naissant latéralement de sa base, et d’où procèdent les feuilles et la fleur qui percent les enveloppes communes aux deux bulbes, en se glissant le long d’une rainure pratiquée dans le premier: le petit balbe a un petit nombre de tuniques propres, dont l’extrémité successive produit la spathe, les feuilles et la fleur, et un noyaus parenchimateux qui fournit a la hampe, les germes et les styles; au bas de ce noyau existe deja le germe « d’an bulbe futur, et une production digitée qui donnera naissance aux racines; à peine la fécondation est opérée, que le bulbe florifère s’enracine, et prend subitement tout son accroissement en repoussant l’ancien bulbe vers le côté opposé de l’espace renfermé entre les anciennes enveloppes, espace que le nouveau va remplir à son tour; cet ancien bulbe, qui est alors flétri, n’oppose ancune résistance; il s’aplatit et demeure enfermé comme un corps étranger dans ses propres tuniques, et celles du bulbe qui lui a succédé; tandis que celui-ci achève ses évolutions ascendantes, en poussant hors « de terre les capsules dont la hampe s’élève à 10 ou 15 centimètres.
Cette plante n’a pas de véritable tige; ses feuilles, au nombre de trois, ne paraissent qu’après la délloraison: elles sont longues, étroites, un peu char. nues. La fleur est presque sessile sur le bulbe, entourée d’une spathe mem-braneuse; la corolle est de couleur violette, divisée en six segments étroits qui se terminent par autant d’onglets insérés au-dessous de l’ovaire: celui-ci est triple; les trois corps qui le composent se terminent par autant de styles qui atteignent à peu prés la longueur des étamines; celles-ci sont au nombre de six, insérées sur la partie moyenne des segments floraux, au point où l’onglet s’épanouit pour former le limbe: ce limbe, un peu courbé en gouttière, embrasse la base du filet; les anthères sont jaunes, droites, tris-aiguës, sagittées et adhérentes à la base.
Le froit de la Merendère ressemble à celui du Colchique. Les trois capsules réunies à la base, libres au sommet, à une loge, à une valve, s’ouvrent longitudinalement du côté intérieur, les graines sont ovales, suspendues à deux placentas linéaires qui se prolongent de chaque côté parallèlement à la suture, et qui sétendent jusqu’an point seulement où les trois capsules s’écartaient originairement l’une de l’autre.
La Merendère bulbocode croit dans les pelouses des Hautes-Pyrénées, depuis 500 à 2000 mètres de hauteur; sa floraison indique le commencement de l’automne pour la hauteur où elle se trouve: ses capsules ne sortent de terre qu’an printemps suivant.
Le nom de Merendère est celui que les Espagnols donnent à cette plante et à d’autres analogues.
La Plante de grandeur naturelle.
Fam. des Joncs. Juss.—Hexandrie trigynie. Lin.
The original French description of this flower is transcribed here from original scans rather than using an automated translation service to preserve the author’s original voice in the time it was written. Automated translation is available but can be prone to mistakes.