Une racine formée d’une touffe de fibres extrêmement serrée donne naissance à une souche demi-herbacée, verte, un peu conique, haute de deux à trois décimètres, épaisse de six à huit centimètres, Cette souche, nue dans sa partie inférieure donne naissance par sa partie supérieure, à un trèsgrand nombre de feuilles lancéolées, oblongues, demi-étalées, courbées en gouttière dans le bas, planes dans la plus grande partie de leur longueur, pliées longitudinalement au sommet, qui est un peu aigu et calleux, légèrement ondulées sur les bords, trèsentières, glabres, longues de six à huit décimètres, larges de six à dix centimètres.
De l’aisselle des feuilles inférieures sortent une ou plusieurs hampes droites, légèrement comprimées, glabres, vertes, de la grosseur d’un doigt, longues de trois à six décimètres. Chacune d’elles porte à son sommet une ombelle formée par plus de douze fleurs que soutiennent des pédicelles courts et épais. Cette ombelle est accompagnée d’une spathe dont les deux valves sont lancéolées, demi-membraneuses, blanchâtres, réfléchies en dessous, et pendantes sur les côtés de la hampe. Des bractées membraneuses, linéaires-lancéolées, également pendantes, naissent de la base de chacun des pédicelles.
Le tube du périgone est vert, lisse, à trois angles très-obtus. En y comprenant lovaire qui est oblong, et qui lui est intimement soudé, sa longueur est de sept ou huit centimètres. Les divisions du limbe sont linéaires, étalées, et même un peu roulées en dessous, longues d’un décimètre au moins. Leur sommet, qui est médiocrement aigu, porte intérieurement une espèce de crochet un peu aplati et moins développé que dans d’autres espèces du même genre.
Les filaments des étamines sont en forme d’alène, de moitié plus courts que les segments du périgone, et d’une belle couleur pourpre dans leur partie supé-rieure. Les anthères sont linéaires, insérées près d’une de leurs extrémités, et pendantes. Le style est égal en longueur aux filaments des étamines, et également rouge dans le haut. Le stigmate est simple.
Le Crinum d’Asie croit abondamment dans les sables maritimes de plusieurs des iles Moluques, où, suivant Rumphius, sa racine, qui est un émétique assez actif, est employée avec benucoup de succès dans les cas de blessures faites par des armes empoisonnées. On le cultive dans les jardins de botanique, où on l’abrite dans la serre chaude, et où il fleurit à la fin de l’été, C’est dans celui de M. Bicquelin, rue des Fossés-Saint-Victor, que nous l’avons décrit et figuré.
Quoique les espèces du genre Crinum soient peu nombreuses, leur histoire est très-embrouillée: cela tient en partie à ce que Linné, en faisant la synonymie de deux de ces espèces, les seules à lui connues qui soient restées dans ce genre, a réuni sous les mêmes noms des plantes très-différentes. Sous le nom de Crinum Americanum, il a confondu celui que nous avons décrit dans notre avant-dernière livraison, et une autre plante qui est ou le Crinum erubescens, ou le Crinum Commelini. Il a rapporté comme synonymes du Crinum Asiaticum, une figure de Miller, qui appartient évidemment au Crinum erubescens; l’Amaryllis bulbisperma de Burmann, qui n’est point un Crinum; la Belutta Pola Taly de l’Hortus Malabaricus, qui a des feuilles linéaires; et la Radix toxicaria de Kumphins, qui, autant qu’on peut le conclure de la boune description faite par cet auteur, est la même plante que celle dont nous donnons ici la figure. Les botanistes qui ont suivi Linné n’ont éclairci qu’imparfaitement l’histoire de cer plantes, et l’ont même embrouillée davantage à quelques égards. Cest ainsi que L’Héritier a appliqué au Crinum Asiaticum une phrase qui ne peut convenir qu’au C. Commelini; qu’Aiton; et, à son exemple, M. Wildenow, ont employé pour caractériser le C. Americanum une phrase que nous avons citée par erreur en Faisant la synonymie de cette dernière espèce, mais qui convient plutot au C. Asiaticum; et pour le C. Asiaticum, une phrase qui convient mieux au C. Americanum et qu’enfin M. Gawler a décrit et liguré comme C. Americanum, le C. Commelini. Quant à nous, nous avons eru devoir prendre pour type du C. Americanam la bonne figure de Commelin, rapportée par Linné i sa variété α; pour type du C. Asiaticum, la plante décrite par Rumphius, et bien figurée depuis par M. Gawler; et enfin pour type du C. Commelini, la figure de Jacquin, étant incertains si celle de Commelin que l’on y a rapportée lui appartient réellement, ou n’appartient pas plutôt au C. crubescens. Quant à cette dernière espèce, tout le monde est d’accord à son égard.
Fam. des Narcisses. Juss.—Hexandrie monogynie. Lin.
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