Lilies & Roses of P.J. Redouté

lilies plate #173

Crocus Sativus

Safran Cultivé

Histoire

La nombreuse synonymie que nous venons d’énumérer prouve à quel point le Safran est connu des botanistes, et nous dispense de répéter la description d’une plante si souvent décrite. Mais si ses formes, sa culture, ses usages ont été bien étudiés, son histoire, comme celle de presque toutes les plantes cultivées, offre encore quelque obscurité. En général, lorsqu’une de nos plantes cultivées dillère peu de quelqu’une de nos espèces sauvages, nous sommes naturellement portés à croire que la première tire son origine de la seconde et que la culture seule a produit leurs diflérences. Déjà cependant, dans un grand nombre de cas, des observateurs plus attentifs ont prouvé que ces dillé-rences se conservent dans chaque race et résistent aux mutations de terrains et de culture: ils ont fait remarquer que les espèces sauvages de nos climats, quoique long-temps cultivées, n’acquièrent pas davantage de ressemblance avec celles dont on les regardait comme les souches primitives. Enfin les voyageurs ont, dans quelques cas, achevé la démonstration, en retrouvant les souches primitives de nos plantes cultivées dans les pays étrangers, et surtout dans l’Orient, d’où nous avons tiré autrefois nos principales cultures. Ces réflexions trouvent une application immédiate dans l’histoire du Safran.

Cette plante a été long-temps confondue avec les diverses variétés du Safran printanier et avec le Safran d’automne, qui parait en dillérer essentiellement. D’après cette première erreur, on a cru et on lit encore dans quelques ouvrages que le Safran est indigène de nos climats; mais il parait certain qu’on ne l’y trouve que cultivé ou échappé des jardins; le nom même de Safran, qui provient du mot arabe Sahafaram, indique son origine orientale: et en eflet, il a été trouvé sur le mont Olympe par Sestini,1 et dans les montagnes et les vallées de l’ancienne Crimée, du Caucase et de la Perse, par Georgi.2 Je ne sache pas qu’aucun voyageur ait dit l’avoir trouvé sauvage, ni en Turquie, ni en Egypte. Desfontaines l’indique en Barbarie, comme étant cultivé près de Tunis, et ne l’a point trouvé sauvage. Tout ce qui a été dit de son existence en Angleterre, dans les Alpes, et même en Sicile, doit être très-probablement rapporté au Safran printanier et au Safran d’automne.

Le Safran est cultivé en grand dans plusieurs parties de l’Europe, et notamment dans le Gatinois. On doit consulter pour cette culture les excellents mémoires de Duhamel et de Fougeroux de Bondaroy, que nous avons cités plus haut.

Le Safran est, comme on sait, utile par ses stigmates, qui sont très-développés, colorés et singulièrement aromatiques. On les emploie dans la teinture, pour obtenir des couleurs jaunes; dans la cuisine, pour aromatiser différents mets et certaines liqueurs; surtout dans la médecine, à cause de son action singulièrement stimulante et qui se fait particulièrement sentir sur les nerfs. On l’emploie à l’extérieur pour résoudre les tumeurs et apaiser les douleurs locales: a l’intérieur, il est fortement emménagogue, un peu narcotique et stomachique: son usage à trop forte dose est quelquefois dangereux.

Fam. des Iridées. Juss.—Triandrie monogynie. Lin.

  • Crocus sativus. C. stigmate tripartito exserto reflexo, foliis linearibus margine revolutis. Fl. fr. n. 2001. syn. p. 168.
  • Crocus sativus. C. stigmate tripartito longitudine corollæ reflexo, foliis linearibus margine revolutis. Willd. Spec. 1. p. 194.
  • Crocus sativus. C. spathâ univalvi radicali, corollæ tubo longissimo. Lin. Spec. 50. mat. méd. p. 43. Ger. gallopr. 43. Lam. FI. fr. 3. p. 493. Mill. Dict. n. 1. With. brit. 68. Relh. cant. 15. Woodv. méd. bot. 3. p. 479. 1. 176. Murr. app. méd. 5. p. 220.
  • Crocus sativus. C. staminibus pistillo brevioribus, stylo apice profundè trifido. Lam. illustr. 1. 442. t. 30. f. 1. Desf. Fl. atl. 1. p. 34. Poir. Dict. encycl. 6. p. 385. Dubois, orl. p. 307.
  • Crocus sativus. C. Bauh. pin. 55. Tourn. inst. 360. Fuchs. hist. 441. ic. Dod. pempt. 213. ic. Lob. ic. 137. J. Bauh. hist. 2. p. 637. ic. Math. comm. 71. ic. Besl. hort. Eynst. ast. 3. p. 10. f. 4. Mill. icon. t. 111. All. ped. n. 310. Blackw. t. 144. Berger. phyton. 161. ic.
  • Crocus sativus. C, stigmate exserto tripartito, segmentis linearibus. Smith. Fl. brit. 1. p. 39.
  • Crocus officinalis. C. foliis linearibus margine revolutis, stigmate exserto, segmentis longissimis linearibus. Pers. ench. 1. p. 41. Mart. Fl. rust. t. 58.
  • Crocus autumnalis. Engl. bot. 1. 343.
  • Crocus floribus fructni impositis, tubo longissimo. Roy. Lugd-b. 41. Lin. hort. Ups. 15.
  • Crocus flore fructui imposito. Lin. hort. Cliff. 18.
  • Crocus autumnalis sativus. Moris. hist. 2. p. 335. s. 4. t. 2. f. 1. Blackw. t. 1 44. f. 1. Douglas. phil, trans. 32. p. 441. t. 1. f. 6. Duhamel. mém. acad. 1728. l. 100. t. 1. 2.
  • Crocus sativus Mathioli. Dalech, hist. 2. p. 1532. ic.
  • Crocus. Ray. hist. 1176. Ger. emac. p. 151.
  • Crocus verus sativus autumnalis. Park. parad. p. 167.
  • Crocum. Cam. epit. 33. ic.
  • Le safran. Regault. bot. ic. Fougeroux, mém. acad. 1728. p. 89. t. 1. 2. Chom. drog. 1. p. 23.
  1. Voyage dans la péninsule de Cirico, vol. 2. p. 97.
  2. Description physique de la Tauride. p. 185.
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