Cette plante a une racine noueuse, garnie de fibres longues, blanches, tendres et rampantes; de cette racine sortent plusieurs tiges herbacées, droites, hautes d’un mètre an plus, cylindriques, noueuses d’espace en espace, assez semblables à celles des roseaux, et qui émettent çà et la quelques rameaux simples et divergents: de chaque noud part une feuille dont le pétiole fo-lacé enveloppe la tige comme la gaine des graminées, mais se resserre au sommet en un corps calleus, cylindrique, qui soutient le limbe de la feuille; ce limbe est ovale-lancéole, pointa, entier, étalé, marqué de nervures ana-logues, pour la disposition, à celles des Balisiers; ces feuilles sont pubescentes, soit sur leur limbe, soit sur la partie engainante de leur pétiole; la tige elle-même est pubescente dans les parties qui sont à découvert, et glabre dans celles qui sont cachées sous les gaines.
L’estrémité de la tige et des rameaux se bifurque une ou plasieurs fois; d’où résultent des pédicelles cylindriques, courts, glabres, entoures d’une gaine foliacée; chaque pédicelle porte une seule fleur blanche.
Cette fleur semble présenter deus téguments; l’un extérieur, analogue à un vrai calice, est divisé, jusque pres de la base, en trois lanières oblongues aigues, entières, striées, demi-transparentes, et un peu fermes; l’autre intérieur, analogue à une corolle, est tendre, opaque, d’un blane de lait, composé d’un tube grele, cylindrique an sommet, comprimé à la base, arqué et tordu dans le milieu, et d’un limbe irrégulier à six divisions profondes; les deux divisions inférieures sont grandes, étalées, arrondies; les quatre autres sont petites, oblongues, redressées.
Le filament de l’étamine est soudé avec une des plus grandes divisions du tégument interne de la fleur; il porte une anthère placée à l’entrée du tube, droite, jaune, oblongue, à deux loges.
Lovaire est placé sous la fleur; il donne naissance à un style blane, soudé avec le tégument interne, libre et arqué à son extrémité; le stigmate est vis queux, perforé, obtus et comme divisé en deux lèvres.
Après la floraison, le pédicelle se renfle au sommet, de manière à prendre la forme d’une toupie, et soutient une capsule lisse, ovoïde, à peu près triangulaire: cette capsule, qui mériterait presque le nom de drape, renferme un noyau simple, blane, que quelques auteurs ont pris pour une graine; si on le coupe en travers, on y distingue trois loges, qui renferment chacune une graine: deux de ces graines avortent le plus souvent.
Le Maranta roseau est originaice de la Jamaïque, de Saint-Domingue, de Cayenne, et en général, des iles et du continent de l’Amérique méridionale. Le Maranta-Tonchat, avec lequel il me semble qu’Aublet l’a confonda, est originaire des Moluques et de la Cochinchine. Ces deux espèces, infiniment voisines, diffèrent entre elles, 1.° par la tige, qui est herbacée dans le Maranta roseau, ligneuse et deux fois plas haute dans le Maranta-Tonchat; 2.° par les feuilles pubescentes et ovales-lanecolées dans le premier, glabres et ovoides dans le second; 3.° parce que le tégument interne de la fleur ou la corolle a ses divisions tres-inégales dans le Maranta roseau, et presque égales dans le Tonchat: mais l’une et l’autre ont la racine noueuse: aussi la plante de Cayenne, décrite par Aublet, me parait devoir être rapportée à notre espèce.
Le Maranta roseau est conm à la Guyane sous les noms d’Herbe aux flèches, on d’Herbe à la fléche; à Surinam, sous celui de Pacimira; il semble être aussi l’Agutiguepo-obi des Brésiliens, et le Tarpora des habitants de la Guyanne.
Sa racine est fort estimée des Américains, soit parce que, enite sous la cendre, elle est, dit-on, salutaire contre les fièvres intermittentes; soit parce que son suc est employé pour guérir les plaies faites par des flèches empoi-sonnées; aussi cette plante est-elle souvent coltivée autour des habitations des Caraïbes: ses feuilles et ses tiges servent à faire des corbeilles et des pagaras, espèces de paniers dans lesquels les Caraïbes renferment leurs bijoux.
Elle se plait dans les lieux humides et voisins des ruisseaux. On voit rarement cette plante dans les jardios de botanique, et c’est dans celui de madame Bonaparte que nous avons eu occasion de l’observer.
Fam. des Balisiers. Juss.—Monandrie monogynie. Lin.
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