Cette tulipe se fait reconnaitre sans peine, dès le premier aspect, à sa fleur blanche, droite et solitaire au sommet de la tige; cette fleur offre une corolle en cloche, partagée jusqu’à la base en six divisions oblongues, pointues; ces divisions ne sont pas semblables entre elles: les trois extérieures sont un peu plus longues que les autres, et leur face inférieure est d’un ronge violet assez vif, à l’exception da bord qui est blanc. Dans les trois autres, la surface inférieure est blanche, a l’exception de la base, qui est rougeâtre: toutes ont la face interne blanche, avec l’onglet violet. Cette fleur semble absolument violette, lorsqu’elle est fermée.
Les étamines sont au nombre de six; les filaments sont en alêne, comprimés et un peu élargis vers la base, d’un brun noir, avec le sommet jaune, et leur longueur ne dépasse pas celle de l’onglet de la corolle; les anthères sont droi-tes, comprimées, linéaires, obtuses, de couleur jaune avant la fécondation, et noires après cette époque; le pistil offre un ovaire prismatique à trois pans, placé dans la corolle, de couleur jaunâtre, surmonté de trois stigmates épais, divergents, posés sur les trois angles de l’ovaire, et marqués en dessus d’un sillon profond.
Après avoir ainsi examiné la fleur de cette Tulipe, si nous jetons les yeux sur l’ensemble de la plante, nous verrons qu’elle sort d’une racine bulbeuse, arrondie, grosse comme une noisette, et de couleur brune; sa tige est simple, glabre, haute de s-3 décimètres, cylindrique, nue vers le sommet, munie à sa base de trois feuilles oblongues, aiguës, glauques, entières, glabres, pliées en gouttière dans leur longueur; la feuille inférieure qui atteint la longueur de la tige est entièrement engainante à sa base; celle du milieu embrasse la tige sans se prolonger en gaine, et atteint à la même hauteur que la précé-dente; la supérieure est très-courte, et n’embrasse la tige qu’à moitié.
Plusieurs des naturalistes qui, à l’époque du renouvellement des sciences dans l’Occident, se sont occupés du règne végétal, ont décrit avec exactitude les plantes qu’ils ont eu occasion de connaître; mais la science était alors trop peu avancée pour qu’ils pensassent à distinguer les différences dues aux eir-constances et aux localités de celles qui sont véritablement essentielles à la nature de chaque végétal; aussi décrivirent-ils comme espèces un grand nombre de variétés. Lorsque Linné entreprit de réformer la Botanique, il reconnut bientôt que la même plante avait été décrite, par le même auteur, sous autant de noms qu’elle présente d’aspects différents; et, n’osant plas se fier aux descriptions faites par les anciens auteurs, il n’accorda aucune place dans le catalogue des êtres naturels à tous ceux qu’il n’avait pas vus lui-même, ou qui ne présentaient pas des caractères tellement saillants qu’on ne pût craindre d’équivoque. Cette précaution était sage, sans doute; il en résulta cependant qu’un grand nombre de plantes qui avaient été bien décrites par Gesner, Mathiole, l’Eclase, Lippi, Tournefort et plusieurs autres, fürent depuis négligées et presque oubliées. Tous les ans, la Botanique, armée de moyens plus sûrs et plus exacts, reconquit quelques-unes de ces espèces méconnues: déjà les voyageurs qui ont parcouru l’Orient ont retrouvé la plopart des plantes décrites par Tournefort, dans son corollaire; ces sortes de découvertes ont même un intérêt particulier, en ce qu’elles servent autant à éclaircir l’histoire criti. que de la science que celle de la nature elle-même. Ces réflexions s’appliquent à la Tulipe dont nous donnons la description; cette plante a été très-bien dé crite par l’Ecluse, dans son ouvrage intitulé: Carœ posteriores; elle a été aussi connue de Gaspard Bauhin et de Tournefort, mais négligée ensuite par les Botanistes.
Depuis deux ans, elle a reparu dans les jardins consacrés à l’avancement de la science: nous avons en occasion de l’observer, soit au jardin du Muséum national d’Histoire naturelle, soit dans celui du C. Cels. Ce cultivateur l’a reçue du C. Amoreux, sous le nom de Tulipa Cypriani. Nous avons cru devoir lui donner le nom du Botaniste, qui, le premier, l’a décrite et figurée avec soin.
Cette tulipe fleurit au printemps; sa corolle sépanouit plusieurs jours de suite, à neuf heures du matin, et se ferme entre une et trois heures de l’après-midi.
Son pays natal n’est pas exactement connu; il parait, d’après le nom que l’Ecluse lui a assigné, qu’elle est originaire de la Perse.
Cette plante mérite, aussi bien que les autres espèces de ce genre, d’être cultivée dans les jardins d’ornement.
Fam. des Lis. Juss.—Hexandrie monogynie. Lin.
The original French description of this flower is transcribed here from original scans rather than using an automated translation service to preserve the author’s original voice in the time it was written. Automated translation is available but can be prone to mistakes.