Lilies & Roses of P.J. Redouté

lilies plate #483

Aphyllanthes Monspeliensis

Aphyllanthe de Montepellier

Description

L’Aphyllanthe, lorsqu’il n’est pas en fleur, ne ressemble pas mal à certaines espèces de Scirpus ou de Jone, ou même au Dianthus prolifer; il forme de petites toufles qui naissent d’une racine divisée en fibres très-menues et très-ramifiées. Le collet est garni de quelques écailles, qui sont les débris des anciennes feuilles. Cette plante en effet n’en est point entièrement dépourvue, comme son nom semble l’indiquer. Elle en porte quelques-unes, très-courtes il est vrai, et peu nombreuses, qui naissent du collet; il y en a une insérée sur le bas de la tige florale: cette feuille est un peu engainante, membraneuse sur les bords de la gaîne, cylindrique et un peu pointue à son sommet.

La tige est d’ailleurs absolument nue, cylindrique, glabre, longue de cinq à huit pouces, droite ou un peu ascendante, marquée de six raies longitudinales d’un vert plus foncé, terminée par une ou deux fleurs d’un beau bleu.

Ces fleurs sont presque toujours solitaires; lorsqu’il y en a deux, leur floraison n’a pas lieu au même moment. Elles sont entourées de plusieurs bractées rousses et scarieuses, qui sont exactement appliquées contre leur base; les deux extérieures, qui jouent le rôle de spathe, sont terminées par trois pointes, deux latérales membraneuses, et celle du milieu en forme de soie roide. Les bractées intérieures, qui sont au nombre de six ou douze environ, quand il y a deux fleurs, sont oblongues, aigues, entières. Celles qui touchent la fleur sont les plus longues; ce rang intérieur est composé de six écailles disposées alternativement sur deux rangs comme les lobes du périgone.

Le périgone est d’une seule pièce en forme d’entonnoir, d’un beau bleu dans toute la partie exposée à la lumière, pâle et verdâtre dans la partie cachée sous les bractées: le tube est en réalité très-court; mais il semble plus long, parce que les lobes pressés à leur base par les bractées restent rapprochés en forme de tube: ces lobes sont oblongs, rétrécis à leur base, obtus et même un peu échancrés au sommet, munis d’une nervure longitudinale, d’un bleu plus foncé, disposés sur deux rangs, trois alternatifs extérieurs, et trois intérieurs semblables entre eux, droits à leur base, étalés dès le point ou les bractées les abandonnent. Immédiatement après la fleuraison, le périgone se flétrit, et sa base persiste autour du fruit.

Les étamines sont au nombre de six, adhérentes au tube du périgone devant chacun de ses lobes; les trois qui sont situées devant les lobes intérieurs sont les plus précoces et les plus longues, mais elles ne dépassent pas la moitié de la longueur des lobes: les filets sont droits, blanchâtres à leur base, bleuâtres au sommet; les anthères sont ovales, bleues, droites; le pollen est blanchâtre; le pistil a l’ovaire libre, vert, ovale, à trois angles obtus: ce pistil est intérieurement divisé en trois loges; chacune d’elles renferme un seul ovule globuleux; le style est filiforme, blane à sa base, bleu vers le sommet, terminé par un stigmate de forme très-particulière: ce stigmate, au lieu d’être à trois lobes comme celui des genres analogues, offre quatre crêtes, trois latérales un peu étalées, et une centrale en forme de prisme triangulaire, dont les angles correspondent aux trois crêtes latérales; la partie glanduleuse des stigmates est blanche; le reste bleu.

Le fruit est une capsule membraneuse, recouverte par les bractées et par la base flétrie du périgone, un peu triangulaire, à trois valves; chaque valve porte sur le milieu de la face interne une nervure saillante, et ses bords rentrants, incomplètement au moins, à la maturité, forment de fausses cloisons, les valves se séparent en commençant par le haut, et chacune d’elles entraîne avec elle, dans sa déhiscence, un tiers du style: les graines sont solitaires dans chaque loge, attachées au fond de la capsule sur la base de la nervure de chaque valve, ovales, de couleur noire matte, marquées d’un côté par un léger sillon; elles sont composées d’un périsperme charnu, dans lequel se trouve un embryon droit, cylindrique, à radicule inférieure.

Histoire

L’Aphyllanthe de Montpellier croît sur les collines sèches et pierreuses de toute la région des oliviers de la Franche, et particulièrement aux environs de Montpellier; les lieux qu’il habite son ceux qu’on désigne dans le midi de la France sous le nom de Garriagues, nom qu’il est nécessaire d’introduire dans la langue, car ce genre de localités est très-distinct de toutes les autres; ce sont des terrains secs, calcaires, découverts, où les roches sont à nu presque partout, et où les plantes les plus dures peuvent seules trouver des moyens d’existence. ♃.

L’Aphyllanthe ou la non-feuillée fleurit au moois de mai aet je juin; sa fleur s’épanouit le matin ou lever du soliel; elle se ferme odinairement vers midi, à moins qu’elle ne soit pas bient exposée au soliel: dans ce cas, elle dure jusqu’au soir; cette fleur éphémère ressemble de loin, par sa coulier, à cele de certaines campanules.

Le fruit vient rarement à maturité complète; il faut le chercher avec assez de soin pour le recontrer dans cet état.

L’Aphyllanthe mériterait d’être cultivé pour bordure dans les pays du midi; mais sa transplantation d’est pas sans quelques difficultés.

Observations

Quoique lAphyllanthe soit anciennement connu, on n’en possede aucune bonne description; la figure d’Aubriet, qui fait partie des Institutiones de Lournefort, est excellente, mais la description n’est ni exacte, ni suflisante: la seule qui mérite d’être citée est celle qui a été donnée par M. Salisbury, dans son bel ouvrage intitulé, Paradisus londinensis; mais, somme cet habile observateur n’a pas vu le fruit de notre plante, sa description laissait encore quelque chose à désirer: c’est part ce motif que, placé favorablement pour faire connaître toute la structure de cette plante singulière, j’ai cru devoir en donner une description détaillée.

Si l’on examine avec attention les caracteres de l’Aphyllanthe, on verra que ce genre est de la famille des Joncées et voisine des Luzula, dont il se rapproche par sa capsule a trois graines, et non pas polysperme comme celle des Jones; il en diffère cependant,

  1. par son périgone de consistance fugace et pétaloide, et dont les lobes sont réunis en tube par leur base;
  2. par son stigmate à quatre crêtes, dont une centrale et trois latérales.

Le caractère générique de l’Aphyllanthe me parait pouvoir être rédigé de la manière suivante:

Aphyllanthes. Lobel. Tournefort. Lin.—Perigonium petaloideum, sexpartitum, lobis oblongis, basi in tubum conniventibus, supernè patulis, apice brevissimè emarginatis; stamina sex perigonio breviora; ovarium liberum trigonum; stylus filiformis; stigma tetracephalum, lobulis tribus lateralibus sub-patulis, medio terminali trigono-prismatico. Capsula membranacea, trivalvis; valvulis intus medio nervum longitudinalem gerentibus, ab apice dehiscentibus et styli tertiam partem secum auferentibus; semina tria, ovata, ad basin nervi medii valvularum inserta; embryo cylindricus erectus intra albumem carnosum.-Herba perennis sub-aphylla; caulis teres subnudus apice 1–2 florus; bracteæ plurima rufa scariosa arctè florem cingentes.

La manière dont s’opère la déhiscence de la capsule de l’Aphyllanthe prouve manifestement que la matière fecon-dante qui se dépose sur les stigmates suit les vaisseaux du style, puis les nervures des valves, pour atteindre la graine située à leur base; par conséquent les cordes pistillaires y sont marginales et non centrales: la même chose a lieu dans tous les genres qui forment réellement partie de la famille des Joncées, et c’est-là, dans mon opinion, le caractère essentiel qui distingue les Joncées de toutes les autres Liliacées.

Si l’on considère la manière dont la base du style se fend en trois parties après la fleuraison, et la forme extraordinaire de ce stigmate à quatre lobes, on en conclura, je pense, avec moi, que le style de l’Aphyllanthe doit être considéré comme compose de telit suries enemble et dernines act pare etient a deux eres indales, forme le mamelon central: cette soudure des styles partiels en un style unique est un phénomène beaucoup plus fréquent dans la nature qu’on ne le pense. J’ai déjà eu occasion d’en parler dans ma Théorie élementaire de la Botanique, pag. 111 et suiv.

Les styles de l’Aphyllanthe paraissent, d’après ce que je viens de dire, terminés par un stigmate à deux lèvres; ce caractère ne se retrouve, parmi les Endogènes analogues, que dans les Iridées, et ce n’est pas ici le seul rapport qu’on pourrait établir entre les Iridées et les Joncées; les feuilles de l’Abama et même celles de l’Aphyllanthe ont quelques rapports avec celles des Iridées par leur manière d’engainer la tige.

D. C.

Explication de la planche

La Plante de grandeur naturelle.

  1. Les bractées extérieures.
  2. Les bractées extérieures.
  3. Les bractées moyennes.
  4. Les bractées moyennes.
  5. Les bractées interieures.
  6. Les bractées interieures.
  7. Les bractées interieures.
  8. Le périgone outvert et étalé, avec les étamines.
  9. Deux étamines.
  10. Le pistil.

Fam. des Joncs. Juss.—Hexandrie trygynie. Lin.

  • Aphyllanthes Monspeliensis. Lin. Spec. 422. Gouan. hort. Monsp. 165. Flor. 305. Vill. dauph. 2. p. 243. Lam. Dict. 4. p. 599. Illustr. 1. 252. Willd. Spec. 2. p. 53. Desfont. Fl. atl. 1. p. 285. All. ped. 2. p. 165. Decand. Flor. Franç. 3. p. 170. Syn. n. 1851. Lapeyr. pyr. 178. Salisb. parad. lond. ic.
  • Aphyllanthes Monspeliensium. Lob. adv. 190. ic. Icon, surp. 454. f. 2. J. Bauh. hist. 3. p. 336. ic. Tournef. inst. 657. t. 430. Garid. aix. 36.
  • Aphyllanthes. Lin. hort. Cliff. 493. Sauv. meth. 8. Ger. gallopr. 142.
  • Cariophyllus cæruleus Monspeliensium. Bauh. pin. 209. Moris. hist. 2. p. 562. sect. 5. t. 25. f. 12. Magn. botan. Monsp. 53. tab. ic. 284.
  • Cariophylleus flos aphyllocaulos minimus Monspeliensium. Chabr. sciag. 442. ic.
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The original French description of this flower is transcribed here from original scans rather than using an automated translation service to preserve the author’s original voice in the time it was written. Automated translation is available but can be prone to mistakes.

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