Cette plante a un rapport très-prononcé avec la Ferrarie ondulée (pl. 28), mais elle en diffère par plusieurs caractères importants, savoir: sa racine fasciculée et non tubéreuse; sa tige simple et non rameuse; sa fleur inodore et non fétide, etc.
La racine de cette plante présente quelques diversités dans les pieds que j’ai observés: dans les individus jeunes, elle est simple, pivotante; tantôt renflée vers le tiers supérieur en un tubercule ovale, plus petit qu’une noise, tarture intrique, in pes piscindrique; dans les oliviens ages, au mais la fibre centrale reste toujours plus grosse que les autres: toutes ces fibres radicales sont légèrement ridées ou striées en travers dans leur partie supérieure, blanches, lisses et charnues dans l’extrémité.
La tige est droite, haute d’environ un pied, cylindrique, couverte par les feuilles, presque toujours simple; je l’ai vue cependant quelquefois se diviser au sommet en deux rameaux très-courts.
Les feuilles sont embrassantes à leur base, disposées avec peu de régularité sur deux rangs alternes linéaires, presque obtuses, larges de trois lignes; les inférieures sont plus courtes que les supérieures; celles-ci dépassent la longueur de la fleur.
Les fleurs naissent en faisceau, entourées d’une spathe générale composée de deux valves oblongues, concaves, vertes et foliacées; cette spathe renferme ordinairement deux fleurs qui se développent successivement: celle qui fleurit la première est pédicellée, dépourvue de spathe partielle; l’autre (qui à cette époque est encore en bouton) est presque sessile, enveloppée dans une spathe membraneuse; lorsqu’elle doit fleurir, sa base s’allonge et devient un pédicelle cylindrique; mais cette seconde fleur avorte souvent.
La partie du périgone qui n’adhère pas avec l’ovaire, et qui semble constituer toute la fleur, est ouverte, presque en forme de roue, presque réfléchie, verdâtre en dehors, panachée en dessus de diverses couleurs; savoir, mouchetée de pourpre à sa base, jaunâtre vers le milieu, couleur de chocolat dans l’extrémité des lobes; ceux-ci sont au nombre de six, égaux entre eux, divisés au-delà du milieu du limbe, de forme presque lancéolée, extraordinairement et élégamment déchiquetés, et frisés sur les bords.
Les étamines sont au nombre de trois; leurs filets sont soudés en un tube cylindrique au-delà du milieu de leur longueur; les anthères sont ovales, extrorses, brunes, avec le pollen de couleur orangée très-vive.
L’ovaire est oblong, à six sillons et à six côtes peu prononcées, et très-obtuses; le style est de la longueur du tube des étamines; il se termine par un stigmate brunâtre à trois lobes: chacun de ces lobes est luimême divisé jusqu’à sa base en deux parties, et ces parties sont finement déchiquetées en lanières capillaires, jaunâtres: l’ensemble du stigmate a l’apparence d’un pinceau.
Je n’ai pas vu le fruit.
Cette plante est originaire du Cap de Bonne-Espérance. Elle se cultive dans les jardins de bota-nique, ou elle est encore assez rare: on la conserve dans l’Orangerie avec les mêmes soins que la Ferrarie ondulée. Elle fleurit au printemps; sa fleur est inodore, même à la fin de la fleuraison.
La figure et la description que nous en donnons ici ont été faites dans le Jardin de Montpellier.
Si l’on consultait les caractères classiques donnés jusqu’ici entre les Tigridées et les Ferraries, et qu’on ne connût que la Ferrariole, on serait embarrassé de décider à quel genre elle appartient, car elle a les étamines soudées plus haut que la Ferrarie ondulée, plus bas que la Tigridie: cependant personne, dès la première vue et sans avoir besoin d’aucun examen, n’hésitera à la rapporter aux vraies Ferraries: ces deux genres, en effet, diffèrent par des caractères importants, et qui n’ont pas été suffisamment exprimés dans les caractères génériques.
Les organes de la végétation ne diffèrent pas moins entre eux que ceux de la reproduction: ainsi, la racine des Ferraries est fasciculée ou tubéreuse; celle des Tigridies est fibreuse: le bas de la tige des F’erraries n’est point renflé; celui des Tigridies est renflé, recouvert par les bases des feuilles, et imitant ainsi une véritable bulbe. Les feuilles des Ferraries sont linéaires, non plissées et embrassantes par leur base plane ou concave; celles des Tigridies sont réellement ensiformes, plissées et embrassantes par leur bord supérieur a la façon des Iris.
J’ajouterai enfin que les démarcations géographiques sont d’accord avec les caractères déduits des formes. Les Ferraries sont originaires du Cap de Bonne-Espérance, et les Tigridies du Mexique: or, il est à remarquer que ce sont deux régions botaniques qui n’ont presque rien de commun entre elles. Je crois, d’après ces diverses considé-riciras, devoir présenter ici une monographie abrégée de ces deux genres, longtemps confondus sous le nom de Ferraria.
Ferraria. Burm. nov. act. n. c. 2. p. 198. t. 3. Lin. gen. 1018. Juss. gen. 57.—Ferraria Sp. Cav. Schreb. Willd.
Fruct. Perigonii limbus superus, sub-rotatus, sexpartitus, lobis sub-æqualibus, margine fimbriato-crispis. Staminum filamenta tria, plus minusve coalita, apice libera: anthera ovatæ extrorse: ovarium oblongum trisulcatum; stylus brevis; stigma penicilliforme, nempè tripartitum, lobis bipartitis, lobulis in setas capillaceas multifidis. Capsula coriacea tereti-trigona acuta; semina baccata.
Veg. Herba capenses glabra; radices nune fasciculata, nune propè collum tuberosa: caules solitarii teretes simplices aut sub-ramosi; folia linearia, sub-obtusa, non plicata, basi plana aut concavâ amplexicaulia, inferiora minora; spatha bivalvis, foliacea, 2–5-flora: flores intra spatham fasciculati, successivè sese evolventes, fugacissimi, ephemeri, colore sordido et oris fimbriatis distinctissimi.
Tigridia. Juss. gen. 57.— Ferrariæ. Sp. Lin. fil. Cav. Schreb. Willd.
Fruct. Perigonii limbus superus, campanulatus, profandè sexpartitus, lobis alternis valdè inæqualibus; staminum filamenta tria, usque ad antherarum ortum in eylindrum coalita; antheræ lineares extrorsæ; ovarium cylindraceum vix trisulcatum: stylus filiformis longissimus; stigma tripartium, lobis bibartis, lobulis convoluto-subtubulosis integris; capsula oblongo-cylindracea, vertice truncata tricephala deglupta; semina non baccata.
Veg. Herbæ mexicanæ; radices filbrillosæ; caulis pars inferior in bulbo-tuber foliorum basibus vestitum inflata, ceterùm simplex, teres; folia ensiformia, plicata, latere superiore caulem amplexante; spatha bivalvis foliacea; flores intra spatham fasciculati, successivè florentes, fugacissimi, ephemeri.
D. C.
La Plante de grandeur naturelle.
Fam. des Iridées. Juss.—Monadelphie triandrie. Lin.
The original French description of this flower is transcribed here from original scans rather than using an automated translation service to preserve the author’s original voice in the time it was written. Automated translation is available but can be prone to mistakes.