Lilies & Roses of P.J. Redouté

lilies plate #60

Globba Nutans

Globbée Pendante

Description

Sa racine, qui est tubéreuse et rampante, émet plasieurs tiges droites, fermes, simples, qui, dans nos serres, dépassent un peu la hauteur d’un homme, et qui, dans leur climat, atteignent une dimension trois fois plus grande; ces tiges sont garnies de feuilles alternes, droites et alongées: on y distingue une gaine un peu rougeâtre, qui embrasse exactement la tige, et dont les bords sont garnis de cils laineux; cette gaine porte une feuille longue d’une coudée, large comme la main, oblongue, pointue, glabre sur ses faces, ciliée sur les bords, munie d’une forte nervure longitudinale qui émet de côté et d’autre des veines parallèles.

Au sommet de la tige nait une longue grappe de fleurs, pendante avant l’épanouissement, puis se relevant graduellement; à la base de cette grappe est une spathe formée par la gaine de la feuille supérieure dont le limbe a avorté: l’axe même de la feuille est long de 2–3 décimètres, rouge et hérissé de poils; il émet des pédicelles courts, étalés, hérissés, dont chacun porte une fleur; celle-ci, avant son développement, se présente sous la forme d’un gros bouton ovoïde, bigarré de rose et de blanc, et luisant comme sil avait été verni: cette teinte brillante appartient à une bractée qui se trouve à la base de l’ovaire, et que Rumphe désignait sous le nom d’Hypoplytum. Cette bractée, qui d’abord renflée enveloppait toute la fleur, se fend latéralement et tombe d’elle-même.

Lovaire est globoleux, placé sous la fleur, hérissé de poils serres, couches et enduits d’une viscosité odorante; sur cet ovaire nait le périanthe, dont les valves sont disposées sur trois rangs; la valve extérieure, qui est la plus pe fite, semble une simple continuation du tégument de l’ovaire; elle est engai-hante et velue à sa base, ciliée sur les bords, souvre latéralement et se déjette du côté supérieur; la valve plus intérieure est tabuleuse à sa base, et se divise en deux lèvres; la supérieure est large, ovale-arrondie, rose et cilice à son sommet; l’inférieure est profondément divisée en deux lobes étalés, oblongs et pellucides. Ces deux valves sont de la même couleur et de la mème nature que la bractée placée sous l’ovaire, et semblent jouer le röle d’un ealice double.

La valve interne du périanthe ou la corolle est soudée avec la valve inter-médiaire; elle est tubuleuse à sa base, et se divise en trois lobes; les deux latéraux sont très-courts, tris-étroits, et se croisent derrière le filament; le lobe du milieu est très-grand, déjeté du côté inférieur, courbé en forme de carène, obtus, sinné sur les bords, d’une couleur orangée en dessous, et élégamment bigarré en dessus de taches rouges et orangées. Le tube entier de la corolle est rempli d’une liqueur visqueuse et sucrée, suintée par un nectaire spais, charnu, ridé, jaunâtre, placé au fond de la fleur, et dont la forme ressemble à une dent molaire.

Lorsqu’on ouvre la fleur, on découvre le filament de l’etamine inséré au fond du périanthe; ce filament est large, plane, dilaté, vers le sommet, en deux cylindres rapprochés, épais et tronqués; ce sont les deux loges d’une même anthère, lesquelles sont tres-éloignées à cause de la largeur du filament, et qui ont été prises mal-à-propos pour deux anthères distinctes.

Du milien du nectaire, on voit sélever un style filiforme, blane, comprimé, qui suit le filament de l’étamine, traverse entre les deus loges de l’anthère, et porte un stigmate velu, tronqué, en forme de coupe à demi-fermée.

Je n’ai point vu le fruit de cette plante; d’après Rumphe, c’est une capsule à trois valves, recouverte d’un tissu cellulaire mou et charnu, qui contient quelques graines noires, globuleuses, sèches, couvertes d’une poussière jaunâtre.

Histoire

Cette belle plante est cultivée dans le jardin du Muséum d’Histoire natu-relle: elle y a fleuri au printemps passé. ♃.

La Globbée pendante est originaire des Indes orientales et des Moluques; dans son pays natal, elle croit de préférence à l’entrée des petits bois et au pied des collines: sa grandeur et sa beauté ont fixé sur elle l’attention des Indiens et des Malais, et (ce qui est rare pour une plante qui n’est d’aucun usage) elle porte différents noms vulgaires; les Malais la désignent sous ceux de Globba utan besnar ou Lancquas lacki lacki; ceux d’Amboine la confondent avec la Globbée grappe de raisin, et la nomment Annipa maccan; à Java, elle porte le nom de Pacolang; les Madégasses désignent toutes les espèces de Globbées sous le nom de Catimban, et celle-ci, en particulier, sous celui de Catimban besaar: ce ne serait pas le seul exemple qu’on pût citer de noms génériques et spécifiques dans les langues des Sauvages.

Les tiges de cette plante servent à faire des cannes à peu près comme le bambou; ses feuilles, étant séchées au feu, se racornissent et se roulent de manière à servir de moule on les Malais placent du riz cuit; ils vendent cette espèce de cornet plein de riz, et le nomment Palipali.

Explication de la planche

  1. La fleur débarrassée de sa bractée.
  2. La fleur dépouillée du calice externe.
  3. La fleur coupée en long pour montrer le pistil et l’étamine.

Fam. des Balisiers. Juss.—Diandrie monogynie. Lin.

  • Globba nutans, G. spica terminali, pendulâ. Lin. Mant. 170. Lam. Dict. 2. p. 730.
  • Globba nutans. G. spica terminali, pendulâ; foliis elliptico-lanceolatis. Wild. Spec. 1. p. 153.
  • Globba silvestris major. Rumph. amb. 6. p. 140. t. 62, et forsan. t. 63.
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The original French description of this flower is transcribed here from original scans rather than using an automated translation service to preserve the author’s original voice in the time it was written. Automated translation is available but can be prone to mistakes.

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