Nous n’avions observé ce beau Lis que dans son jeune âge, lorsque nous en avons précédemment donné la description, p. 395. Il s’est facilement multiplié, et est devenu très-grand. C’est une des plantes les plus élégantes que nous ayons pu souhaiter avoir dans nos jardins. Elle décorait les jardins de la Chine et du Japon: les voyageurs ne nous l’indiquaient que comme une variété. Le commerce et la curiosité en ont depuis peu d’années enrichi nos parterres.
Ce Lis se multiplie plus que tout autre par les bulbes qu’il produit sur sa tige, dans laisselle de ses feuilles, jusque auprès des fleurs. Ces bulbes Sont agrégées ou solitaires, de la grosseur d’un pois, d’un brun violet, et formées d’écailles qui ont la forme de valves charnues. Ces bulbes sont caduques; elles germent quelquefois à l’aisselle des feuilles; la petite racine qui part de leur base les détache de cette aisselle, si déjà elles ne sont libres d’elles-mêmes. Quelle que soit la position de ces bulbes sur le sol, les radicules qu’elles émettent les y fixent bientôt; on voit les radicules se courber et entrer en terre, lorsqu’une bulbe est restée le sommet en bas.
La tige, qui sort des petites bulbes la première année, est faible et tombe naturellement de côté: les tiges de l’année suivante sont fermes, droites et un peu en zig-zag, les angles qu’elles forment répondant à l’insertion des feuilles. Ces jeunes tiges, comme les plus anciennes, sont couvertes d’un duvet laineux.
Les bulbes adultes sont arrondies, formées de très-grandes écailles; l’épaisseur de ces bulbes est de huit décimètres (trois pouces); elles produisent, en dessous, des radicules longues de plus de deux décimètres (huit pouces), plus grosses qu’une plume à écrire. La tige qui sort de ces bulbes est cylindrique, s’élève verticalement, est épaisse à sa base, et s’amincit insensiblement jusque vers son sommet. Elle se termine par une panicule longue de cinq décimètres (un pied et demi), qui produit environ dix rameaux bifurqués.
Les feuilles sont très-nombreuses sur la tige, médiocrement ouvertes, linéaires-lancéolées, aiguës, sessiles, luisantes en dessus, en gouttière, d’un vert beaucoup plus pâle en dessous, bordées de petites dents cartilagineuses, visibles à la loupe. On découvre aussi, à l’aide de la loupe, une infinité de petits points blancs à la face inférieure des feuilles; les nervures des feuilles sont transparentes lorsqu’on les regarde au grand jour; ces nervures sont au nombre de sept à neuf; elles forment des stries ou des sillons à la face supérieure de la feuille.
Les rameaux de la panicule forment avec la tige un angle plus ouvert que ne font les feuilles; ces rameaux ne forment point, comme les feuilles, plusieurs rangs en spirales; ils sont, au contraire, un peu étalés en éventail; ils sont très-bruns sur toute la surface par laquelle ils sont exposés au soleil; ils offrent une ligne verdâtre en dessous. Ces rameaux produisent de deux à trois fleurs; ils se fourchent de manière qu’un pédoncule est abaissé, et l’autre relevé. Une feuille ovale-lancéolée, recourbée vers le haut, est placée au côté supérieur du rameau, à son point de division en pédoncule. Les fleurs sont pendantes; leur pédoncule se courbe près de l’insertion du périgone. Les six divisions du périgone sont presque semblables entre elles; elles se recourbent vers leur base comme celle du Lis Martagon. Les trois divisions extérieures sont un peu plus étroites que les intérieures, et se terminent par un tubercule ou cal en mamelon un peu cotonneux, brun ou verdâtre. Ces trois divisions n’ont qu’une nervure dorsale peu apparente; les trois divisions intérieures sont munies d’une nervure dorsale très-distinete, au moyen de deux plis ou sillons longitudinaux qui lui sont contigus. Les six divisions de la fleur sont d’un beau rouge orangé, tachetées en dedans à leur partie moyenne par de larges points noirâtres ovoïdes. Chaque division renferme en outre, à sa base, un canal fendu en dessus, formé de deux crêtes rapprochées, vert intérieurement et qui contient une liqueur mielleuse. Plusieurs papilles garnissent la base des divisions de la fleur et se terminent en petites têtes glanduleuses, noires, qui, vues à la loupe, paraissent consister dans un amas de petits grains. Les filets des six étamines plus courts que les pétales sont opposés à ces pétales, cylindriques, rétrécis insensiblement en pointe au sommet. Les anthères sont linéaires, brunes, vacillantes. Le pollen est formé de grains oblongs d’un brun cramoisi, qui, étant écrasés, donnent une couleur tenace, jaune-orangé. L’ovaire est en colonne à six cannelures; le style est courbé, un peu épaissi en massue, triquètre, à angles mousses, tubuleux intérieurement; le stigmate est formé de trois crêtes mousses, glan-duleuses, conniventes, rapprochées en tête et voûtées par la face intérieure qui répond au canal du style.
Cette plante n’a point encore donné de fruit; on aperçoit dans ses ovaires les ovules très-bien formés, placés symétriquement sur deux rangs contigus dans chaque loge. Nous avons compté sur un rang plus de cinquante ovules.
Cette plante fleurit à la fin de juillet et au commencement d’août, en plein air dans la terre de bruyère.
Fam. des Lis. Juss.—Hexandrie monogynie. Lin.
The original French description of this flower is transcribed here from original scans rather than using an automated translation service to preserve the author’s original voice in the time it was written. Automated translation is available but can be prone to mistakes.