Le genre des Narcisses est un de ceux qui a été pendant longtemps le plus négligé par les botanistes; les espèces les plus distinctes, telles que le Nareisse de Gouan et le Narcisse odorant, étaient confondues ensemble; les figures les plus disparates étaient citées pour exprimer une même plante, ainsi qu’on pourrait s’en convainere en comparant les diverses figures citées à la suite du Narcissus orientalis, ou du moschatus. Quelques monographes modernes ont, avec plus ou moins de succès et d’habileté, débrouillé une partie de ce chaos; mais il reste encore beaucoup à faire sur ce sujet; ce serait avoir avancé que d’éclairer la synonymie ancienne; il parait, d’après les ouvrages composés du quinzième au dix-septième siècle, que le nombre des espèces de Narcisse est beaucoup plus considérable que nous ne le croyons généralement: à cette époque, l’étude des plantes les plus communes des parterres n’était pas négligée, et on en remarquait les différences avee soin; aujourd’hui ces plantes sont livrées aux fleuristes, et des espèces communes dans tous les jardins sont négligées par les botanistes; telle est celle qui fait l’objet de cet article.
Le Narcisse joyeux a été autrefois connu, et se trouve bien représenté dans le Théâtre de Flore; il a depuis lors été confondu avec le Narcisse odorant, auquel en eflet il ressemble beaucoup; on doit cependant, à l’exemple de M. Salisbury, l’en séparer à cause de sa fleur moitié plus petite et moins odo-rante, de sa couronne ou godet qui, au lieu d’étre divisée en six lobes parfaitement entiers, arrondis et non crispés, est découpée moins profondément en six lobes un peu crépus ou ondulés, et la plupart plus ou moins échanerés ou sinués.
Toute la plante est un peu plus petite que le Narcisse odorant, plus grande que la vraie Jonquille; ses feuilles sont d’un vert décidé, creusées en gouttière par-dessus, un peu épaisses et convexes par-dessous; leur extrémité, au lieu d’être demi-cylindrique ou en alène comme dans la Jonquille, est presque plane; la hampe est plus courte que les feuilles, cylindrique, chargée à son sommet de une, deux, ou au plus trois fleurs d’un jaune jonquille; la spathe est membraneuse, dejetée de côté en une seule pièce.
Le tube de la fleur est eylindrique, un peu évasé au sommet, de la longueur des segments floraux; ceuxei sont ovales, planes, horizontalement étalés; les trois intérieurs recouvrent d’un et d’autre côté la base des extérieurs; la couronne dépasse un peu la moitié de la longueur des segments; elle est à six lobes peu profonds, peu réguliers et plus ou moins ondulés; les étamines, qui sont insérées sur la partie évasée du tube, atteignent seulement la partie inférieure de la couronne, et sont égales en longueur à leur maturité. Le style est plus long que les étamines, plus court que la corolle, à trois stigmates. Le fruit est à trois angles très-obtus.
La patrie de ce Narcisse, qui n’est indiquée que d’une manière vague dans les auteurs, nous a été fournie par M. Jauvy, qui nous a envoyé un échantillon cueilli dans les prairies des environs de Grasse, où il est assez commun. On le cultive dans la plupart des jardins à fleurs, et nous en conservons dans le jardin des plantes de Montpellier, qui nous avaient été envoyés de Bruxelles sous le nom de Jonquilles.
La Jonquille double, ou grosse Jonquille des jardiniers, se compose des variétés doubles de trois espèces; savoir, les Narcissus Jonquilla, lætus et odorus: dans cet état où les caractères tirés de la forme des parties de fleur n’existent plus, on les reconnait encore facilement: la Jonquille a les feuilles demi-eylindriques, presque en forme d’aléne à leur extrémité; dans le Narcisse joyeux les feuilles sont planes au sommet, canaliculaires à la base, et les fleurs ne dépassent guère un pouce de diamètre, et sont moins odorantes que les deux autres; le Narcisse odorant a les fleurs grandes, nombreuses, trésodorantes, et ses feuilles semblables a celles du précédent.
M. Salisbury croit, d’après l’inspection de l’herbier de Linné, que cette espèce est le Narcissus trilobus, Lin, sp. 417. M. Deyander, dans la seconde édition du jardin de Kew, aflirme au contraire que le N. trilobas de Linné est distinct du lætus, et la description, aussi-bien que la synonymie de Linné, confirme cette dernière opinion.
Fam. des Narcisses. Juss.—Hexandrie monogynie. Lin.
The original French description of this flower is transcribed here from original scans rather than using an automated translation service to preserve the author’s original voice in the time it was written. Automated translation is available but can be prone to mistakes.