Ce Rosier a été propagé, il y a quinze ou seize ans, par M. Vilmorin. C’est lui qui, le premier, a fait connaître cette belle variété, à laquelle on a donné son nom. Les amateurs de tous les pays se sont empressés de confirmer par leurs suffrages la dédicace de la plante dont nous présentons la figure, heureux de pouvoir offrir ce témoignage de leur reconnaissance à lhomme habile qui, long-temps avant qu’on connût la pépinière de M. Du Pont, avait déja réuni dans ses jardins la collection entière des Rosiers, et contribua ainsi à répandre le goût de la culture de ces arbustes.
Cette variété, due au hasard, est l’une de celles qu’on ne peut perpéluer qu’au moyen de la greffe. Par le procédé de la marcotte, on obtient des frans de pied: dans cet état le Rosier Vilmorin s’élève à deux pieds, ou environ; il forme des buissons couverts de fleurs presque pleines, quelquefois solitaires, plus souvent disposées par deux ou par trois à l’extrémité des rameaux, d’une dimension moyenne, odorantes, enfin Aune couleur de chair transparente et très-agréable à l’œil.
C’est cette dernière modification qui la distingue du Rosier a cent feuilles commun. Notre variété est plus ou moins hérissée d’aiguillons et de poils roides et glanduleux sur les tiges, selon son âge, et le climat dans lequel elle végète; les folioles sont d’un verd-clair, tomenteuses en-dessous, et supportées par un pétiole commun, glanduleux, rude au toucher. La couleur des pétales de cette variété la rapproche de la Bifera carnea du Botaniste cultivateur; mais la forme du tube du calice, ainsi que les folioles presque rondes et simplement dentées de ce dernier Rosier l’éloignent suffisamment du Vilmorin.
Cette Rose rentre facilement en couleur, c’est-à-dire qu’elle est plus disposée que toute autre de son espèce à reprendre ses nuances primitives: il en résulte que, souvent, on trouve sur le même pied des fleurs carnées avec des fleurs roses, et quelquefois des pétales à moitié roses, et à moitié blancs, phénomène qu’on observe surtout sur les sujets vigoureux, car les individus faibles présentent plus constamment la variété dans toute sa pureté. Il arrive aussi que le Rosier se mé tamorphose entièrement en fleurs parfaitement roses qui ne sont autres que des cent feuilles ordinaires, mais un peu moins volumineuses: dans cet état, quelques pépiniéristes donnent à larbuste le nom de Rosier Vilmorin à fleurs roses. On doit conclure de ces remarques que cette variété, pour être conservée, a besoin d’être renouvelée par la greffe, et qu’on la perdrait infailliblement si on l’abandonnait à elle-même. Les marcottes reprennent difficilement.
The original French description of this flower is transcribed here from original scans rather than using an automated translation service to preserve the author’s original voice in the time it was written. Automated translation is available but can be prone to mistakes.