Magnifique variété du Rosier de Provins, obtenue de semis par Van Eeden, habile pépiniériste à Harlem, et dont il a décoré, en 1810, les beaux jardins de la Malmaison.
Les rameaux de cet arbuste rampent sur la terre comme les tiges du R. Arvensis de nos forêts, toutefois sans s’étendre au-delà d’un pied ou deux, et sans que ces rameaux reproduisent, comme ceux de l’Arvensis, de nouvelles racines qui les rattachent au sol. Les branches principales sont armées d’aiguillons inégaux, assez nombreux et presque droits: les rameaux florifères n’en présentent qu’un petit nombre. Les folioles sont ovales-oblongues, arrondies à la base, pointues au sommet, vertes en-dessus, légèrement tomenteuses en-dessous, et doublement dentées. Le pétiole qui les supporte est velu, garni de très-petits aiguillons droits, muni, à sa base, de stipules un peu denticulées et glanduleuses en leur bord. Les pédoncules sont également velus, hérissés de pareils aiguillons. Le tube du calice est arrondi. Les divisions du limbe, courtes, pointues au sommet, très-entières, sont velues intérieurement et, comme le tube lui-même, un peu hispides à l’extérieur. Les fleurs, disposées par trois ou quatre à l’extrémité des ra-muscules qui sortent des branches principales, sont composées de trois rangs de pétales, de grandeur moyenne, d’un pourpre éclatant, au moment de l’épanouissement: ces pétales donnent, par les différentes directions du jour, un reflet violet et comme velouté, d’un effet admirable, effet encore augmenté par les étamines dorées qu’on aperçoit au centre de la fleur. Les styles sont velus et presque réunis en faisceau.
Les couleurs manquent à la peinture pour rendre fidèlement les nuances qu’on remarque dans la fleur de cet arbuste, et le dessin joint à notre description ne les représente que faiblement, quoique le peintre ait employé toutes les ressources de son art. Il en est ainsi de la plupart des variétés qui dérivent du Rosa Gallica, dont le nombre, d’après les catalogues des pépiniéristes de la France et des Pays-Bas, s’élève aujourd’hui à près de cinq cents, dans les fleurs desquelles on retrouve une grande partie de la série des teintes de la table des couleurs de Newton. On doit sentir que le peintre ne peut pas plus que le botaniste offrir aux yeux ou exprimer de telles différences, quoique chacun de ces individus puisse être, pour un œil exercé, l’objet d’une sensation particulière.
Après la mort de Joséphine, ce beau Rosier a disparu de la Malmaison, et nous ignorons dans quel lieu il végète en franc-de-pied. On le trouve encore greffé dans un petit nombre de jardins d’amateurs, et notamment dans celui de Fleury; mais on conçoit que, dans cet état, il a perdu son caractère de variété à tiges couchées et presque rampantes, C’est-à-dire son principal mérite aux yeux des botanistes. Au reste, la greffe n’a point altéré la beauté de la fleur; peut-être, même, a-t-elle ajouté à son volume et à l’éclat de ses couleurs. Comme toutes les Roses de Provins, pourpres ou violettes, ses pétales, en finissant, prennent une teinte noire générale, qui n’est que le prélude de leur chûte et l’effet de l’absence de la circulation de la sève. On sait que c’est cette circonstance qui donne lieu à la supposition des Roses noires.
Il serait facile d’obtenir de nouveaux francs-de-pied de cet arbuste en le marcottant: il suffirait pour cela de coucher l’églantier greffé et de le rapprocher ainsi du sol. Dans son état naturel, il n’exige aucun soin seulement il faut se garder de le redresser; on doit laisser ses branches se coucher et ramper parmi les arbustes qui l’environnent, sans les déranger de la direction qu’elles paraissent vouloir prendre. C’est en abandonnant le Rosier à lui-même qu’on en obtenait de magnifiques fleurs à la Malmaison, et c’est ce que pratique encore aujourd’hui Van Eeden dans ses belles pépinières de Harlem.
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