Lilies & Roses of P.J. Redouté

roses plate #165

Rosa Pomponiana Muscosa

Le Pompon Mousseux

Description

Cette variété du Rosier Pompon nous vient d’Angleterre, où l’on cultive aussi le Pompon mousseux blanc, qu’on trouve dans la pépinière de M. Kennedy. La tige, qui s’élève à un pied au plus, est recouverte d’un grand nombre de petits aiguillons inégaux, presque droits, rapprochés, entre-mêlés de poils glan-duleux. Les feuilles se composent de trois ou de cinq folioles glabres en-dessus, glanduleuses en-dessous et sur la bordure; elles sont portées par un pétiole couvert de glandes. Les fleurs sont terminales, disposées par deux, assez souvent par trois, à l’extrémité des rameaux. Le pédoncule, les pédicelles, le tube du calice et les divisions du limbe, sont recouverts de poils visqueux, ramifiés, assez semblables à de la mousse. Les bractées qui accompagnent les pédicelles sont très-allongées, spa-tulées, même foliacées au sommet. Corolle de huit à dix rangs de pétales à peu près, de la couleur de ceux du Pompon or-dinaire.

Observations

Les personnes qui se livrent à la culture du Rosier, ont pu remarquer que, depuis quelques années, le nombre des Rosiers mousseux s’est fort accru, et que la semence d’espèces, ou de variétés, qui n’avaient jamais présenté ce phénomène, les reproduit, assez souvent, avec des Roses mousseuses. Cette singularité a fixé l’attention de M. J. Cl. Bozérian, si renommé par ses belles reliures, maintenant fixé à sa terre du Haut-Fontenay, près Vendôme, ou il s’occupe, en grand, de la culture de cet arbrisseau et de sa multipli-cation, particulièrement par la semence.

M. Bozérian a cru trouver de l’identité entre les poils ramifiés qui enveloppent les tubes des Rosiers mousseur, et ces excroissances qui entourent l’éponge ou galle du Rosier, que les botanistes nomment bédéguard. Partant de cette idée, après avoir observé les fleurs de ses Rosiers, et suivi le développement de leur végétation, il a été amené à penser qu’on pouvait attribuer aux larves de l’Ichneumon à longue queue1 le phénomène des Rosiers mousseux. Voici ce que dit ce laborieux jardiniste dans un mémoire manuscrit qu’il nous a communiqué, et qu’il se propose d’envoyer à la société d’Agriculture de Paris.

L’insecte attiré par l’odeur du pollen, au moment de la fécondation des fleurs, introduit son long aiguillon dans chaque pistil, pénètre jusqu’à l’ovaire, y dépose un œuf qui ne tarde pas à éclore. Les larves qui en résultent s’emparent des matières nutritives contenues dans l’ovaire, et transforment tout l’appareil de la fleur en un véritable bédéguard recouvert d’une végétation visqueuse qui a toute l’apparence d’une mousse fine, palmée, ramifiée, semblable à celle qu’on remarque sur nos Roses mousseuses…

L’auteur du mémoire a ouvert et examiné avec attention un grand nombre de ces bédéguards, soit secs, soit dans leur état de végétation; il a trouvé plusieurs graines qui, bien qu’elles aient été extérieurement enduites des matières visqueuses dont la larve semble elle-même formée, n’avaient cependant pas été percées à l’intérieur par l’aiguillon de l’insecte, au moment de son invasion… d’ou il a conclu que ces graines, ayant conservé leur faculté germinative, ont dû, et doivent, attendu la viscosité qui les recouvre, donner naissance à des Roses mousseuses.

On voit que, jusqu’à présent, tout ceci n’est que conjecture: il faudrait que les résultats de la semence vinssent confirmer l’opinion de M. Bozérian, en nous donnant en effet des Roses mousseuses. C’est ce dont il s’occupe: déja depuis trois ans, il a semé un bon nombre de graines échappées à l’aiguillon de l’Ichneumon et provenant des débris de ses bédéguards: toutes sont levées; mais on n’a pas encore vu de fleurs. Il faut espérer que le printemps de 1824 éclaircira ce nouveau fait de physique végétale.

R. germinibus pedunculis petiolisque glanduloso-viscosis (muscosis); floribus subgemellis. (N.)

  1. Ichneumon manifestator, De Fourcroy, Entom. Par. 374. 5. C’est un insecte de l’ordre des hyménoptères.

    Les femelles ont un aiguillon quelquefois plus long que le corps, placé entre deux étuis minces comme lui; ce qui leur donne l’air d’avoir une queue composée de trois poils; elles s’en servent pour percer le corps des chenilles « et autres larves d’insectes, et pour y placer leurs œufs. Les larves qui en éclosent dévorent les parties intérieures de celle dans laquelle elles se trouvent, et la font périr souvent avant qu’elle devienne nymphe, mais toujours avant qu’elle passe à l’état parfait. Alors elles en sortent pour filer leur coque, et se métamorphoser elles-mêmes. —Cuvier, Tab. Elem. p. 505.

    Les naturalistes ne sont pas d’accord sur l’insecte qui produit le bédéguard; la nature de cette excroissance spongieuse n’est pas même bien connue. Les curieux pourront, au reste, consulter les ouvrages suivants: 1o Rammelet, Traité des excroissances du Rosier, en allemand; 2e Camerarius, Spongia rosce sylvestris quid? et quelques autres écrits spéciaux, qu’on trouvera énoncés dans notre Bibliotheca Botanica Rosarum comprise dans cet ouvrage, vol. 1. page. 225.

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